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En temps de guerre Longreads

6 histoires d’enfants ukrainiens tués par l’invasion russe

La Russie avait entamé une guerre contre l’Ukraine qui n’épargne personne. Ces histoires sont celles d’enfants tués par des soldats et des missiles russes. Elles sont imprégnées de la douleur des parents, des proches et des amis qui n’entendront plus jamais le rire de cet enfant précis.

Au 18 août 2023, la Russie a tué 502 enfants et en a blessé 1099. L’État terroriste doit être stoppé et tous les criminels de guerre doivent être traduits en justice afin que plus aucun enfant ukrainien ne souffre de la guerre.

Ce texte a été préparé par la Plateforme commémorative Mémorial, qui raconte les histoires des militaires et des civils ukrainiens tués par la Russie.

Denys et Nikol Deineko

Le 8 mars 2022 / 1 an

Photo des archives familiales.

Les jumeaux Denys et Nikol, âgés d’un an, ont été tués en mars 2022 lorsque la Russie a largué deux bombes d’une demi-tonne sur leur maison dans la région de Jytomyr.

Denys et Nikol ne se ressemblaient ni par leur apparence ni par leur caractère, selon leur grand-père, Volodymyr Obodzinskyi, qui travaillait à Kyiv lorsque cette tragédie est survenue. « Nikol était joyeux, tandis que Denys était plus sérieux. J’ai passé beaucoup de temps avec eux à jouer pour que ma femme et ma fille puissent se reposer », raconte-t-il.

Volodymyr se souvient qu’au début de l’année 2022, la famille a engagé un photographe et a pris ses dernières photos ensemble, sur lesquelles tout le monde était heureux. La famille avait de nombreux projets, notamment celui d’emmener Denys et Nikol à la mer. Mais leurs rêves et leurs projets ont été écrasés par les bombes russes.

Les enfants sont morts sur-le-champ, ainsi que leurs mère, grand-mère et oncle.

Liza Dmytriieva

Le 14 juillet 2022 / 4 ans

Photo des archives familiales.

En juillet, une frappe aérienne russe sur la ville de Vinnytsia a ôté la vie à 28 personnes, dont à trois enfants. Liza, âgée de quatre ans, a fait partie des victimes. Au moment de l’attaque, la fillette revenait d’un cours de développement avec sa mère.

Peu avant, la femme avait publié, sur les réseaux sociaux, la vidéo de leur promenade. Liza y roulait sa poussette et la mère lui a demandé : « Chérie, on va où maintenant ? ». Sur sa page Instagram, Iryna Dmytriieva a souvent parlé de ses expériences en tant que mère et de sa fille atteinte du syndrome de Down. « Lisa était une fille particulière et très aimée. La seule », a dit une amie de la famille.

L’attaque russe a ôté la vie à la fillette et sa mère, Iryna, a été grièvement blessée.

Alisa Perebyinis

Le 6 mars 2022 / 9 ans

Photo des archives familiales / Ukrainska Pravda

Lorsque la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, Alisa, âgée de 9 ans, et sa famille vivaient à Irpin, banlieue de Kyiv. Après qu’un obus ennemi a touché leur maison, ils ont été contraints de séjourner dans le sous-sol. Plus tard, la famille a pris la décision de quitter la ville. Ils étaient presque arrivés au point d’évacuation lorsque les forces russes ont ouvert le feu au mortier sur les civils.

La jeune fille est morte sur-le-champ. Sa mère, son frère et ses deux chiens ont également été tués.

« Je ne pourrai jamais t’acheter une robe pour ta soirée de fin d’année. Je ne resterai pas éveillé la nuit pendant que tu iras danser avec ton petit ami. Je n’aurai jamais de vidéo où l’on voit le père et la fiancée danser à ton mariage. Je n’aurai jamais de petits-enfants… », a écrit le père d’Alisa, Serhii Perebyinis, qui était parti s’occuper de sa mère lorsque la tragédie s’est produite.

En 2014, la famille d’Alisa avait déjà été amenée à fuir la guerre. Ils ont déménagé de Donetsk à Irpin et ne pouvaient même pas imaginer qu’ils seraient à nouveau confrontés à la guerre.

Serhii Podlianov

Le 23 novembre 2022 / nouveau-né

Mariia Kamianetska embrasse son fils lors de ses funérailles.
Photo d’Heidi Levine pour le Washington Post

Dans la nuit du 23 novembre, un missile russe a frappé la maternité de la ville de Vilniansk, région de Zaporijia. Serhii Podlianov a été tué deux jours seulement après sa naissance.

Par cette horrible nuit, la mère de Serhii, Mariia Kamianetska, venait de finir d’allaiter son fils nouveau-né et de le placer dans le berceau à côté d’elle lorsque l’ennemi a pilonné la maternité. Les murs du bâtiment se sont effondrés et elle et son enfant se sont retrouvés coincés sous les décombres. Mariia a tenté de sauver son fils, mais était elle-même blessée.

Serhii était le quatrième enfant dans la famille de Mariia Kamianetska et Vitalii Podlianov. Après l’accouchement, Maria a écrit à son mari : « Nous avons un fils ». Mais Vitalii n’a jamais vu le bébé vivant.

Rostyslav Pichkur

Le 28 février 2022 / 13 ans

Photo des archives familiales / Suspilne

Rostyslav Pichkur a été tué le 28 février 2022, dans le village de Bouzova, région de Kyiv. La famille tentait d’évacuer les lieux lorsque leur véhicule a été pris pour cible par les chars russes.

Rostyslav, 13 ans, a reçu des blessures incompatibles avec la vie : il a eu le bras sectionné, la poitrine et les poumons percés. L’un des obus s’est logé dans son corps et a été retiré par les secouristes avant son enterrement.

Rostyslav apprenait l’allemand, pratiquait le taekwondo et collectionnait les petites voitures. Il rêvait d’avoir un petit frère. Au moment du meurtre de Rostyslav, sa mère était enceinte de six mois.

« Mon âme sera avec lui jusqu’à la fin de mes jours. Mon âme est déchirée. Comme il me manque… Je ne veux entendre qu’un seul mot : maman. Je veux le serrer dans mes bras, l’embrasser et ne jamais le laisser partir », a écrit la mère de Rostyslav.

Dmytro, Oleksii et Arina Kravchenko

Le 9 mars 2022 / 14, 10 et 3 ans

La famille Kravchenko.
Photo des archives familiales

Lorsque l’armée russe a commencé à bombarder Izioum, la famille Kravchenko s’est installée dans la maison de ses parents, sise rue Perchotravnéva, afin de trouver du réconfort dans la présence de sa famille élargie. Bien que le bâtiment ait survécu à plusieurs frappes, une autre attaque ennemie du 9 mars a fracassé une section entière de l’immeuble, en ensevelissant des dizaines de personnes sous les décombres.

Ce jour-là, les trois enfants de la famille Kravchenko, leurs parents, leur grand-mère et leur arrière-grand-mère de 96 ans ont perdu la vie.

Il a manqué au fils aîné, Dmytro, seulement dix jours pour avoir ses quinze ans. Il adorait les jeux vidéo et passait beaucoup de temps avec son père. « Je m’attendais à ce qu’il devienne un artisan qualifié. Il a appris à réparer les téléphones et les ordinateurs. Il voulait tout faire par lui-même, il était têtu », se rappelle son grand-père Mykhailo.

On se souvient d’Oleksii, âgé de dix ans, comme d’un garçon très amical et sociable qui aimait le football. La petite Arina était la fille tant attendue après deux fils. Ses parents l’appelaient « notre petite princesse ».

Les corps des victimes n’ont été retrouvés qu’un mois après la tragédie. Leur grand-père, le seul survivant de l’attaque, les a identifiés. Les trois enfants ont été enterrés avec leurs parents dans une fosse commune.

En janvier 2023, la rue Perchotravnéva à Izioum a été rebaptisée rue Pamiati (rue de la Mémoire).